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Mali

16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre : tout le Mali dit "NON"

Du 25 novembre au 10 décembre 2018, le Mali a commémoré les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Cette campagne débute le 25 novembre de chaque année par la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, et se termine le 10 décembre avec la Journée internationale des droits de l’Homme.

Les origines de la campagne et le sacrifice des sœurs Mirabal

L’origine de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles remonte à 1960, lorsqu’en République Dominicaine les sœurs Mirabal, furent brutalement assassinées par le pouvoir du dictateur Rafael Trujillo, alors qu’elles militaient pour le droit des femmes dans leur pays. Elles devinrent alors des martyres, les symboles du combat pour éradiquer le fléau de la violence à l’égard des femmes et des filles à travers le monde.

Proclamée journée mondiale en 1999 par l’Assemblée Générale des Nations, le 25 novembre est célébré chaque année pour sensibiliser le monde sur les violences faites aux femmes et aux filles et interpeller ainsi les citoyens et les gouvernements afin qu’ils s’engagent pleinement à mettre un terme à toutes ces formes de violences.

2018 sous le signe de l’écoute et du soutien aux victimes…

Le thème national de cette année "Orangez-le monde : Tous unis à l’écoute des femmes et des filles survivantes de violences" et le thème international "HearMeToo", ont tous deux mis l’accent sur la nécessité d’écouter et de soutenir les victimes de violences sexuelles. Le second faisant notamment référence à l’ère qui a suivi les accusations d’agressions sexuelles portées contre Harvey Weistein et qui avait entraîné la création de mouvements mondiaux de protestation résumé par l’hashtag « metoo ». Cela avait permis de libérer la parole sur ce sujet tabou de la société que sont les violences sexuelles.

Dans ce contexte et conformément à son mandat, le Bureau de la Conseillère principale de la MINUSMA, en partenariat avec la Division des Droits de l’homme et de la protection, a formé 45 preneurs de dépositions de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Le Bureau de la Protection des femmes a également formé 40 points focaux des Forces de défense et de sécurité du Mali (FDSM) sur l’accueil et l’orientation des victimes de violences sexuelles. Objectif de ces deux activités : la spécificité des violences basées sur le genre et les approches adéquates à adopter dans la prévention, la lutte et la réponse à apporter.

La MINUSMA aux côtés de la société civile et des autorités du Mali dans la lutte

Au Mali, c’est le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille qui coordonne chaque année les activités menées à travers le pays durant la campagne des 16 jours d’activisme. Cette année, le lancement officiel de la campagne a eu lieu le 27 novembre au centre Awa Keita, en présence de la Ministre, le Dr Diakité Aissata Traoré.

La MINUSMA, en appui à la société civile, a animé plusieurs sessions de sensibilisation, notamment dans plusieurs établissements d’enseignement secondaire et supérieur (lycées et instituts universitaires) mais aussi à l’Ecole Fondamentale de Daoudabougou. Ces interventions ont offert aux élèves et étudiants une plateforme d’échanges avec des professionnels du secteur, sur ces faits de société auxquels ils doivent faire face au quotidien.

Les bureaux régionaux des Droits de l’Homme de la MINUSMA, à Kidal, Tombouctou, Gao, Mopti et Ménaka, ont quant à eux donné la parole aux femmes et associations de victimes. À Gao, la Directrice Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a ainsi déclaré que cette campagne « constitue une immense opportunité pour les communautés et les décideurs de se mettre à l’écoute des femmes et filles survivantes, de comprendre les souffrances qu’elles vivent et de poser des actes concrets en vue de mettre fin à leurs souffrances ».

A Kidal, une session d’échanges avec les femmes de la ville, sur les difficultés rencontrées au quotidien, a été initiée. Par ailleurs, les Casques bleus et la Division des Droits de l’Homme ont organisé une marche pour soutenir les victimes dans cette lutte. Dans la région de Tombouctou, où la MINUSMA a choisi cette année de délocaliser le lancement officiel à Goundam, Mme Touré Mariam Bouri, Directrice locale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a rappelé : « Les engagements du Mali par la ratification des textes internationaux relatifs à la promotion et la protection des femmes et des filles, ainsi que la nécessité de traduire ces textes en actes, en donnant les moyens matériels aux services techniques de protection et de promotion des femmes de les mettre en œuvre ».

Les violences basées sur le genre : l’ampleur du problème au Mali…

Au Mali, les statistiques sur les violences basées sur le genre sont d’une grande préoccupation. A titre d’exemple, le taux d’excision chez les femmes de 15-49 ans est de 91% (UNFPA). De plus, la crise de 2012 a entraîné une augmentation inquiétante des violences perpétrées contre des femmes et des filles à travers le pays. Mariages forcés et/ou précoces, dénis de ressources, ou encore mutilations génitales, pour ne citer que celles-là, ont sérieusement augmenté.

Dans sa déclaration à l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes et aux filles, le Secrétaire Général des Nations Unies a appelé à plus d’engagement de la part de chacun dans la lutte contre ce fléau qui gangrène les sociétés (lien vers le message).

A l’heure actuelle, le Mali, contrairement à plusieurs de ses voisins de la CEDEAO, ne possède pas de législation punissant les violences basées sur le genre. Depuis janvier 2017, la MINUSMA aux côtés de ses partenaires a participé à la rédaction de l’avant-projet de loi qui a été transmis au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ainsi qu’au ministère de la Justice. Ce texte est en attente de validation par le gouvernement, après transfert à l’Assemblée Nationale pour débat, en vue de son adoption. L’adoption d’une loi réprimant les violences basées sur le genre au Mali n’est désormais plus très loin.

Fidèle à son mandat, la MINUSMA, à travers la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, a su montrer son soutien au Gouvernement et encourager la société civile dans cette lutte dont l’importance est capitale.